Auteur-compositeur-interprète américain, Steven Paul Smith, plus connu sous le nom d’Elliott Smith, commence à écrire et enregistrer ses premières chansons dès l’âge de quatorze ans.

Après avoir joué dans le groupe « Heatmiser » avec Neil Gust, Tony Lash, et Brandt Peterson pendant plusieurs années, il entame une carrière solo en 1994. Malgré la dissolution du groupe, Elliott Smith reste lié par contrat à Virgin qui vendra les droits à DreamWorks SKG en 1998.

Son premier album solo, « Roman Candle » (1994), est à la base un recueil de démos dépourvues d’arrangements et de guitares électriques. Les thèmes de la dépendance aux drogues, de la dépression, ou encore de la trahison commencent à s’installer dans son univers musical.

En 1995, il sort « Elliot Smith » sur le label bruitiste Kill Rock Stars, suivi par « Either/Or » en 1997 à l’instrumentation plus complète : la plupart des chansons sont désormais accompagnées de basse, batterie et guitare électrique, tous joués par Smith lui-même.

Si certaines chansons laissent supposer que Smith commençe à avoir des problèmes avec les drogues dures, il a toujours affirmé ne pas en avoir consommé pendant les années 1990.

Le titre de ce troisième album vient du livre éponyme de Søren Kierkegaard. Il exploite les thèmes de l’angoisse, du désespoir, de la mort ou encore de Dieu.

En 1997 toujours, le réalisateur de cinéma Gus Van Sant lui demande la permission d’utiliser sa musique pour les besoins du film « Good Will Hunting ». Smith donne son accord, et sa chanson « Miss Misery » est le déclic qui le fera connaître du grand public.

Nommé pour l’Oscar de la meilleure chanson originale, c’est finalement James Horner et Will Jennings pour « My Heart Will Go On », chantée par Céline Dion et tirée du film Titanic, qui remporteront la statuette dorée.

En 1998, Smith enregistre une reprise a cappella de « Because » des Beatles, pour le film American Beauty.

À cette époque, Smith connaît de nombreuses périodes de dépression : après s’être drogué, il se jette d’une falaise et sa chute est miraculeusement amortie par des arbres. Malgré quelques blessures sérieuses, il s’en sort vivant.

Son premier album sous le label DreamWorks SKG, intitulé « XO », sort quelques jours après.

« Figure 8 », le cinquième album enregistré en partie aux studios Abbey Road, sort en 2000. Elliott Smith apparait pour la promo dans des émissions comme le « Late Night with Conan O’Brien » ou encore le « Late Show with David Letterman ». Devenu dépendant à l’héroïne, son apparence physique et sa santé commencent à se détériorer sérieusement.

Il commence à enregistrer un nouvel album mais la collaboration avec le producteur Jon Brion tourne court quand ce dernier le confronte à ses problèmes de drogue et d’alcool. Smith se débarrasse des enregistrements, qui représentent plus de la moitié d’un album et envoie aux dirigeants du label DreamWorks SKG une lettre expliquant qu’il se suiciderait s’ils ne le libéraient pas de ses obligations.

En mai 2001, Smith cherche à réenregistrer l’album, principalement tout seul. Il parle de plus en plus de suicide, commence aussi à montrer des signes de paranoïa et le risque d’overdose semble permanent. Ses concerts se font alors de plus en plus rares. Smith ne mange pratiquement plus, restant parfois éveillé pendant des jours avant de perdre conscience pendant une durée pouvant atteindre 24 heures.

Finalement, après cette sombre période, les choses s’arrangent un peu en 2002, quand il accepte de suivre une cure de désintoxication dans un centre à Beverly Hills et parvient à arrêter l’héroïne et le crack. Des nouvelles plus rassurantes sur son état de santé commencent alors à circuler.

Pourtant, le 21 octobre 2003 à Los Angeles, Elliott Smith meurt à l’âge de 34 ans, de deux coups de couteau portés à la poitrine.

Bien que la thèse du suicide ait été largement avancée, les circonstances de sa mort demeurent encore imprécises.

Le sixième album « From a Basement on the Hill » sort en 2004.

En 2007, une double compilation posthume intitulée « New Moon », commercialisée par le label Kill Rock Stars, contient 24 chansons enregistrées par Elliott Smith entre 1994 et 1997, période durant laquelle il fut sous contrat avec le label.

Pour les dix ans de la mort du chanteur, le réalisateur Nickolas Rossi lui consacre un film documentaire intitulé « Heaven Adores You ».

Chanteur songwriter aux profondes cicatrices intérieures, Elliott Smith a su transcender sa mélancolie fragile dans un rock vénéneux, touchant et magnifique.