Ils sont heureux. Ils sont mariés. Ils possèdent tout ce que peut avoir un petit couple moderne : une jolie petite maison, un jardin, un barbecue, une voiture et quelques amis pour que tout cela serve à quelque chose et enfin l’amour. Jean Pierre et Samantha sont ravis.
Elle s’occupe de la maison tandis que son époux travaille activement dans une agence de publicité avec son patron et ami, Alfred.
Cependant Jean Pierre a eu une grosse surprise le jour des noces : Samantha lui a avoué être une sorcière. Le quotidien devient alors étrangement décalé pour Jean Pierre : pour avoir convaincu sa femme de ne pas utiliser ses pouvoirs, Jean Pierre va s’attirer les foudres et les sorts jetés par sa belle-mère, la râleuse Endora…
Samantha, avec ses habits à la mode, sa blondeur et son visage de princesse, ressemble bien peu à la sorcière usuelle. Pas de chapeau pointu, pas de cheveux noir en filasse, pas de longues robes noires déchirées, pas de verrues sur le nez, pas d’yeux menaçants ou de moustaches piquantes ! Ce n’est pas non plus un chat noir mais une petite fille blonde qui court entre ses jambes. Point de chaudron mais un four dans une cuisine super moderne (pour l’époque).
Et pourtant, comme tous ses ancêtres, Samantha est mise au ban de la société (même si c’est plus gentiment). Les premiers procès de sorcellerie sont apparus au XVe siècle, en Artois. Ils visaient des marginaux (un ermite, une prostituée, un peintre). Le crime de sorcellerie est alors défini par son aspect antireligieux dans une France qui ne remettait pas en question le pouvoir du catholicisme. Pendant deux siècles, la folie s’empare de l’Europe. Les bûchers s’élèvent et embrasent aussi bien les guérisseurs que les génies du type de Galilée. Souvent l’église ou la justice se débarrassait d’un adversaire trop gênant par l’accusation de sorcellerie.
Au XXe siècle, Samantha représente un pied de nez au conformisme petit bourgeois. Point de bûché mais une moralité qui censure tout ce qui la dérange. Les voisins ne l’acceptent pas. Sa belle-famille, dont Jean-Pierre, la corsète dans un rôle de femme au foyer bien moulé ! Au-delà des sorcières, la série se fait la porte-parole de toutes les minorités. Et c’est là que réside le ressort comique de « Ma sorcière bien-aimée ». Sous son côté conte de fée, la série se moque de l’univers conventionnel, de la pauvreté d’une vie bourgeoise étriquée. « L’American way of life » ne proposant que des familles clonées les unes sur les autres, respectant les mêmes valeurs, éclate face à la fantaisie des sorcières. C’est grâce à cet aspect que la série a gardé sa force aujourd’hui.
Attention, audimat oblige, les valeurs morales et bourgeoises reprennent toujours le dessus à la fin. Le baiser entre Samantha et Jean-Pierre conclut éternellement les épisodes.