Le 28 septembre 1929, le procureur des Etats-Unis, George Johnson, convoque à Washington un jeune flic de vingt-six ans, Eliot Ness, jusqu’alors affecté au service de la prohibition de Chicago. Celui-ci sait que la corruption sévit dans la police et qu’il est vain de combattre la pègre avec des éléments à son service. Il propose la mise sur pied d’une brigade autonome dont il choisirait chacun des membres.
Sa proposition acceptée, Ness recrute, à travers les Etats Unis, une équipe de neuf personnes : Marty Lahart, un Irlandais adepte du judo, Sam Seager, 105 kilos pour 1,86 m, Barney Cloonan, un autre géant irlandais, Lyle Chapman, chargé de vérifier et rédiger les rapports, Tom Triel, Joe Leeson, un as du volant, Mike King, chargé des filatures, Paul Robsky, spécialiste des télécommunications, et Bill Gardner dont les ancêtres étaient Indiens. S’y ajoute son chauffeur personnel Frank Basile (110 kilos), ex-repris de justice.
Dans la série télé, l’équipe des dix se réduit de moitié. Parfois même, Ness n’est assisté que de trois équipiers récurrents. Le premier, Martin Flaherty (interprété par Jerry Paris), cédera rapidement sa place à l’agent Lee Hobson (Paul Picerni) qui sera le véritable second de Ness de 1960 jusqu’à la fin de la série.
Deux autres personnages seront présents de bout en bout : William Youngfellow (Abel Fernandez) et Enrico Rossi (Nick Georgiade). Les agents Cam Allison (Anthony George) et Rossman (Steve London) n’apparaîtront qu’épisodiquement : le premier est abattu par la pègre à la fin de la première saison (épisode n°28); le second reste confiné à une figuration en arrière plan et souvent ne prononce même pas un mot.
L’équipe type se résume donc à quatre agents : Ness, Hobson, Rossi et Youngfellow. On a vu leur photo un peu partout. C’est cette image que conserve des Incorruptibles le téléspectateur, de la même façon qu’il sait reconnaître, dès ses premières notes, le superbe thème musical de Nelson Riddle, qui accompagne le générique.
La série devient vite mythique. On ne peut pas dire pour autant qu’elle respecte la vérité historique. Ness et son équipe se voient attribuer des tas d’enquêtes qu’ils n’ont jamais menées, comme la mise hors d’état de nuire du gang de Ma Barker (Bloody Mama) ou l’arrestation de Dutch Schultz (Le Hitler du Bronx), pour ne citer que deux cas célèbres.
Si la série connût un grand succès d’audience, elle eut aussi ses détracteurs. Outre le FBI, l’administration pénitentiaire et les descendants de Capone, l’obstacle le plus important fut l’Italian-American Ligue qui exigea en particulier, que les gangsters ne soient plus affublés de patronymes italiens. Il faut avouer que les premiers épisodes étaient particulièrement chargés de ce point de vue. Après le retrait d’un des sponsors de l’émission – à l’encontre duquel d’amicales pressions avaient été entreprises par les plaignants, qui lancèrent une campagne de boycott de ses produits – une négociation eut lieu entre ABC, Desilu et la Ligue italo-américaine. Cette dernière obtint que les noms des méchants garçons peuplant la série soient modifiés. Les divers épisodes, par la même occasion, verront leur contenu incisif profondément amoindri, et ce sera la fin du mythe. Il nous ravit toujours cependant car le style de narration de chaque épisode, le parti pris des scènes nocturnes, les décors et véhicules « d’époque » nous font découvrir la triste période de la prohibition.
S’ajoutent à cette richesse, quelques réalisateurs débutants ou chevronnés et une foule de « Guest Star », invités pour un épisode, qui nous permettent de découvrir des jeunots comme Peter Falk, Telly Savalas, Dick York, Mike Connors, Steve Cochran, Dean Stanton, James Coburn, Lee Marvin, Charles Bronson, Robert Redford, etc…