Constitué sur casting par deux producteurs français, le groupe new-yorkais « Village People » est l’un des groupes disco les plus populaires à la fin des années 70, puis connaît dans les années 90 un regain de popularité auprès de la communauté gay qui leur reprochait leur côté caricatural vingt ans plus tôt.
Tout commence à la fin des années 70 avec deux producteurs français expatriés aux Etats-Unis, Jacques Morali et Henri Belolo, familier des boîtes de nuit gay. Lors d’une soirée costumée à Greenwich Village (New-York), Jacques Morali rencontre Felipe Rose, un danseur de rue dans un costume d’Indien. L’idée de monter un groupe-concept réunissant les clichés les plus appréciés dans le monde gay mûrit tout doucement.
Morali contacte alors le chanteur et compositeur Victor Willis pour lui confier le rôle du leader vocal des futurs Village People. Prudent, le producteur fait d’abord enregistrer le premier single « San Francisco » en studio avec les voix de Willis et Rose, avant de lancer le casting pour recruter le reste du groupe.
Chaque membre des Village People se voit attribuer un costume caricatural à la mode dans les boîtes de nuits gay de Greenwich Village :
- Victor Willis puis Ray Simpson et Pablo Vidal (en 2008) : le motard de la police
- Felipe Rose : l’indien
- Alex Briley : le soldat
- Randy Jones puis Jeff Olson : le cow-boy
- David Hodo : l’ouvrier du bâtiment
- Glenn Hughes puis Eric Anzalone (en 1995) et Chris K. (en 2007) : le « cuir », puis le motard
Contrairement à ce que certaines personnes pourraient penser, le groupe n’était pas composé uniquement de chanteurs gays. Victor Willis, le chanteur principal, était hétérosexuel ainsi que d’autres membres plus tard, l’appartenance sexuelle devenant – avec le temps – moins importante que le « rôle » à interpréter.
En 1977 sort le premier album éponyme du groupe sur lequel on retrouve les titres « San Francisco » et « In Hollywood ». Le succès est au rendez-vous, même si une partie de la communauté gay reproche au groupe son attitude caricaturale et ses costumes folkloriques ridicules.
En 1978, « Macho Man » accentue le malaise du milieu gay mais continue sa spectaculaire ascension avec l’album « Cruisin » et son titre phare « Y.M.C.A » à la célèbre chorégraphie.
Morali, Willis et Belolo continuent à écrire frénétiquement, et le groupe sort en moyenne deux albums par an.
En 1979, « Go West » avec le titre « In the Navy » fait un carton. L’US Navy utilise même la chanson comme outil de recrutement. Pour le tournage du clip à San Diego, un destroyer, plusieurs avions et des centaines de Marines sont mis à disposition du groupe. Victor Willis troque son bel uniforme de policeman new-yorkais contre un uniforme d’amiral, et Alex Briley, le GI, celui d’un marin. Mais à la sortie du clip, de nombreux journaux américains protestent contre l’utilisation des fonds publics et crient au scandale pour aboutir finalement à l’annulation de la campagne prévue par la marine américaine.
En 1980, le film « Can’t Stop the Music », comédie romancée de la formation du groupe, se solde par un échec. La notoriété d’un groupe ne suffit pas à faire de ses membres des acteurs convenables. Cet échec coïncide avec la fin du disco et les débuts de la new wave.
Henri Belolo repart en France afin de promouvoir un tout nouveau mouvement, le Hip-Hop. Jacques Morali, de son côté, modifie le look des Village People et tente d’évoluer musicalement vers la new-wave, la pop puis la dance-music, mais sans succès ! Il jette l’éponge en 1985 et le groupe fait une pause en 1986, chaque membre souhaitant se consacrer à des projets personnels.
Dans les années 90 pourtant, la communauté gay redécouvre le groupe et « Y.M.C.A », « In The Navy » et « Macho Man » deviennent les hymnes des marches des fiertés LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi et Trans’) et des cortèges Gay Pride.
Le groupe fonde alors sa propre maison de production, « Sixtuvus », pour réaliser des tournées et surfer à fond sur la mode du rétro et du kitsch assumé. À ce jour, les Village People ont vendu plus de 65 millions de disques et de singles dans le monde et ont conservé un énorme capital sympathie auprès du public.
