Sous le nom de Cat’s Eye se cachent trois soeurs : Rui, Hitomi et Ai Kisugi (connues en France sous les noms de Sylia, Tam et Alexia Chamade). Le jour, elles tiennent un café homonyme (subtil subterfuge !). La nuit, vêtues de simples justaucorps, nos héroïnes dérobent des tableaux aux quatre coins du Japon, se jouant à chaque fois de la police.
Malgré le caractère illégal de leurs activités nocturnes, nos voleuses poursuivent une noble quête : Michaël Heinz, père de ces charmantes demoiselles et peintre allemand de son état, a mystérieusement disparu dans le tourbillon de la seconde guerre mondiale. Dans l’espoir de le retrouver un jour, elles cherchent à récupérer des indices sur sa disparition en rassemblant toutes les toiles qui portent sa signature.
Aidé par M. Naigashi (M. Durieux dans la VF), un vieil ami influent de leur père, le trio forme une équipe complémentaire : Rui, la soeur aînée, s’occupe d’élaborer le plan des cambriolages. Réfléchie et plutôt réservée, elle joue le rôle de mère pour ses deux soeurs. De son côté, Hitomi passe à l’action : agile et rapide, elle se charge de s’emparer des tableaux. Enfin, la benjamine, Ai, encore étudiante et tête en l’air, est la plus qualifiée pour s’occuper des équipements nécessaires à la réussite des vols. La bande a pour particularité d’avertir la police avant son passage à l’acte et signe ses exactions d’une carte de visite qu’elle laisse sur les lieux du délit. Pour corser l’affaire, leur café est situé tout près du commissariat tandis que le petit ami d’Hitomi n’est autre qu’un jeune inspecteur de police (Toshio Utsumi, alias Quentin Chapuis en français) chargé d’enquêter sur les vols perpétrés par Cat’s Eye…
Pour l’aider dans cette tâche, il a pour partenaires Takeshi Hirano et Takeuchi (deux personnages absents de la version animée), ainsi que Mitsuko Asatani (Odile Assaya dans la VF), une nouvelle inspectrice qui est persuadée que les soeurs Chamade et Cat’s Eye ne font qu’un…
Vu le succès que remportera la première histoire lors de sa publication, l’auteur partira s’installer à Tôkyô, mais les cadences de production effrénées l’épuiseront vite. Hôjô avoue d’ailleurs que dans les premières semaines, il connut comme ses héroïnes de nombreuses nuits blanches pour respecter les délais de parution… ce qui ne l’empêchera pas de poursuivre pour finalement terminer la série fin 1984 après dix-huit volumes ! Une production bien fournie qui correspond à un rythme d’à peu près vingt planches par semaine, même si on le sait secondé de trois assistants.
Le succès du manga, qui a tout pour plaire aux garçons (filles sexy, action, énigmes) comme aux filles (identification, romantisme), est bien sûr lié aux situations trépidantes dont il foisonne. L’action est omniprésente et les rebondissements ne manquent pas, les soeurs échappant souvent de justesse aux pièges tendus par la police. Ce jeu du chat et de la souris n’est certes pas nouveau, mais Hôjô le pimente par les relations qui unissent les deux camps. De plus, l’auteur renouvelle souvent sa formule : il n’est pas rare que les Cats aient à affronter d’autres adversaires bien plus redoutables que la police.
Succès oblige, Cat’s Eye se voit adapté en dessin animé par le studio TMS (Rémi sans famille, Lady Oscar, Cobra). Une première série de 36 épisodes est diffusée sur la chaîne Nihon TV de juillet 1983 à mars 1984, bientôt suivie par une seconde d’octobre 84 à juillet 1985.
En France, l’ensemble sera rebaptisé « Signé Cat’s Eyes » (remarquez le « s » inutile que prend le titre) et diffusé sur FR3 à partir de la rentrée 1986. A noter au passage que le characterdesign de la première série a été confié à Akio Sugino (Rémi, Cobra), dont le style ne manque pas d’accroître l’intérêt de cette oeuvre.
Globalement, l’adaptation est une réussite, bien que certains personnages du manga aient été oubliés Hirano et Takeuchi, les deux compères de Quentin, ainsi que Masato Kamiya, alias Nezumi (la souris en japonais), un voleur récurrent.
L’autre différence majeure entre la BD et sa version animée réside dans le dénouement. En effet, le dernier épisode de la série n’offre pas aux téléspectateurs une véritable fin et nous met en scène une pièce de théâtre dont les rôles sont tenus par nos trois voleuses. Quentin apprend enfin la véritable identité de celle qu’il aime mais la vérité sur le père des soeurs Chamade n’est finalement pas dévoilée.
Quand on regarde rétrospectivement la série, on réalise que Cat’s Eyes, avec ses trois jeunes femmes comme personnages clés de l’intrigue a apporté un sang neuf à l’animation japonaise. Le « girls power » de l’animé, en quelque sorte…